2016 - Enquête IPSOS - représentations des Français sur le viol vague 1
Les viols sont des crimes et des atteintes très graves aux personnes, mais sont l’objet d’une tolérance, d’une loi du silence et d’un déni scandaleux, et les violeurs bénéficient d’une impunité quasi systématique. Cette nouvelle campagne Stop au déni 2016, présente les résultats d'un sondage Ipsos centrée sur l’étude des représentations des Français-e-s sur le viol et les violences sexuelles, afin de mesurer l'adhésion aux idées reçues et mythes sur le viol.
Stéréotypes sexistes tenaces, mise en cause des victimes, déresponsabilisation des agresseurs, méconnaissance de la réalité des violences sexuelles, de leur prévalence et de la législation en vigueur, mais aussi reconnaissance des lourdes conséquences sur la santé des victimes : une enquête qui établit une photographie précise des représentations que peuvent avoir les Français du viol et des violences sexuelles.
Réalisée par l’institut IPSOS pour l’association Mémoire Traumatique et Victimologie, l'étude a été présentée le 2 mars 2016, en amont de la Journée Internationale des Droits des Femmes, par la Délégation au droits des femmes du Conseil économique social et environnemental (CESE) et l'association Mémoire Traumatique et Victimologie, lors d'une conférence de presse qui s'est tenue au Conseil économique, social et environnemental et où sont intervenues Pascale Vion, présidente de la délégation aux droits des femmes du CESE, Ernestine Ronai, coordinatrice nationale de la lutte contre les violences faites aux femmes au sein de la Mission interministérielle pour la protection des femmes victimes de violences et la lutte contre la traite des êtres humains (MIPROF) et personnalité associée au CESE et la Dre Muriel Salmona, présidente de l'association Mémoire Traumatique et Victimologie.
L'ENQUÊTE “LES FRANÇAIS-E-S ET LES REPRÉSENTATIONS SUR LE VIOL ET LES VIOLENCES SEXUELLES”
L’enquête a été réalisée par l’institut IPSOS pour l’association Mémoire Traumatique et Victimologie du 25 novembre au 2 décembre 2015, via Internet, auprès de 1001 personnes constituant un échantillon national représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée grâce à la méthode des quotas appliquée aux variables de sexe, d’âge, de profession de la personne interrogée, de région et de catégorie d’agglomération.
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Pour la première fois en France, nous disposons d'une photographie précise des représentations que les Français peuvent avoir sur le viol et les violences sexuelles. Or, les résultats de cette enquête, démontrent que de très nombreux-euses Français-e-s ont encore aujourd’hui tendance à considérer qu’il existe des motifs permettant d’atténuer la responsabilité des violeurs et a contrario de blâmer ou d’incriminer les victimes. Ces conceptions se développent sur un terreau extrêmement fertile. D’abord le sexisme et son lot de stéréotypes concernant les sexualités dites “féminine” et “masculine”. Ensuite la méconnaissance de la réalité statistique des viols, notamment tout ce qui concerne les chiffres des viols et des plaintes, les caractéristiques des agresseurs ou encore l’âge auquel surviennent le plus souvent les viols et agressions sexuelles. La culture du viol, ainsi que les mythes et les fausses représentations qu’elle véhicule, semble malheureusement avoir de beaux jours devant elle, surtout auprès des jeunes et des plus âgé-e-s, et il ressort de l’enquête que les femmes sont loin d’être les mieux informées sur le sujet, alors même qu’elles sont les premières victimes de ces violences. Il serait donc nécessaire de lancer des campagnes spécifiques à destination de ces classes d’âges et des femmes, et bien sûr de continuer à informer sans relâche la population française afin d’améliorer leur connaissance de la loi et des statistiques et de déconstruire les fausses représentations qui portent préjudice aux victimes.
Il est toutefois très positif de constater que nos précédentes campagnes portent leurs fruits et que les conséquences psychotraumatiques du viol sont bien reconnues et considérées comme graves par la quasi-totalité des Français-e-s ; ils-elles sont 96% à être conscient-e-s des graves conséquences sur la santé que peuvent entraîner les viols en raison des troubles psychotraumatiques engendrés par ces violences. Ces lourdes conséquences sont jugées tout à fait justifiées par 87% des Français-e-s, et ne concernent pas uniquement les victimes les plus fragiles pour les deux-tiers d’entre eux-elles (66%).
LA NÉCESSITÉ D'UNE VRAIE POLITIQUE DE SENSIBILISATION, DE PRÉVENTION ET DE LUTTE CONTRE LES VIOLENCES SEXUELLES.
Les violences sexuelles sont un phénomène massif et représentent une grave atteinte des droits des personnes — avant tout des enfants et des femmes —, un problème majeur de santé publique et un facteur d’inégalité et d’injustice persistant. Elles sont un problème politique, mettant en péril le vivre ensemble et la solidarité.
Si les chiffres de prévalence sont aussi élevés et ne reculent pas, c’est que le déni, la loi du silence et l’impunité dont bénéficient les agresseurs continuent à régner sans partage, comme le démontrent les résultats de cette enquête. Une certaine tolérance aux violences sexuelles est entretenue par des stéréotypes et des idées fausses qui alimentent une culture du viol portant gravement préjudice aux victimes et organisant leur abandon sans protection et sans soin.
Lutter contre les violences sexuelles doit être une priorité politique absolue, elle nécessite un effort national exceptionnel et des mesures pour mettre en place en urgence un plan national ambitieux de lutte contre les violences sexuelles afin que le droit de toutes les victimes de violences sexuelles à être informées, protégées, soignées, reconnues par la justice et réparées soit respecté à tout moment de leur parcours.