2011 - Lettre ouverte pour une victime de viols
Lettre ouverte pour une victime de viols, actuellement en grand danger
Victime de viol à 14 ans, puis à 16 ans, pour avoir osé porter plainte, de viols en réunion à deux reprises, Aurélia, 21 ans dans deux mois, est toujours l’objet d’une traque des violeurs et de leurs alliés, qui la menacent à nouveau de viols et de mort.
Dans deux mois, elle devra quitter le foyer de l’Aide Sociale à l’Enfance qui l’héberge et où elle est cachée depuis les viols.
L’association Mémoire Traumatique et Victimologie exige qu’elle soit immédiatement relogée, avec sa famille dont elle a été séparée depuis 4 ans, dans un environnement où sa sécurité sera assurée. Nous saisissons ce jour les instances concernées.
De 14 à 21 ans : sept ans de calvaire et de terreur
En septembre 2004, Aurélia a 14 ans lorsqu’en Seine Saint Denis elle est victime de viol avec tentative d'homicide par strangulation, par un garçon multi-récidiviste déjà condamné deux fois pour des agressions sexuelles. Il la menace de mort si elle en parle. La mère de la victime porte aussitôt plainte, l'agresseur s'enfuit à l'étranger. En aout 2006, en représailles de la plainte, Aurélia est violée en réunion avec arme par quatre garçons, dont le premier agresseur. La mère porte plainte à nouveau, Aurélia est alors continuellement menacée de viols, de mort et de divers sévices pour avoir osé dénoncer les viols.
Les menaces de mort conduisent le juge pour enfants à éloigner Aurélia de sa famille, protectrice et aidante, mais dont le domicile était connu des agresseurs et de leurs amis. Elle est alors placée dans une famille d’accueil, chez qui elle continue de recevoir des menaces et où elle est toujours en danger. Elle retourne par conséquent quelques jours dans sa famille : c’est à ce moment, en décembre 2006, que les menaces sont de nouveau mises à exécution et qu’elle est encore une fois victime de viols en réunion avec usage d'arme, accompagnés de violences inouïes. Quand la grand-mère maternelle d'Aurélia l'apprend, elle fait un accident vasculaire et décède deux jours après à l'hôpital. La mère d’Aurélia porte plainte à nouveau.
Après ce deuxième viol en réunion, Aurélia continue de recevoir des menaces. Le juge pour enfants la sépare à nouveau de sa famille et la place dans un foyer qu’elle n’a pas quitté jusqu’à aujourd’hui, puisqu'elle ne pouvait pas habiter un lieu sécurisé avec sa famille (alors que c'est ce qu'elle aurait souhaité, et ce dont elle aurait eu besoin pour être entourée et soutenue par ses proches : sa mère et ses trois frères et sœurs).
Les agresseurs sont identifiés et mis en examen, quatre autres adolescentes ont aussi été violées par certain d'entre eux. Ils seront jugés en 2006, 2007 et 2008 et condamnés à des peines fermes de 3 à 7 ans d’emprisonnement. Depuis plus de quatre ans Aurélia est donc séparée de sa famille et vit dans un foyer. Elle y est encore victime de menaces pour lesquelles elle a tenté de porter plainte récemment. Les policiers n’ont accepté de prendre qu’une main-courante.
La mère, très traumatisée par les viols et les menaces subis par sa fille (elle a fait des dépressions, a perdu ses cheveux, s'est retrouvée brutalement en aménorrhée) n'a plus été en état de travailler. Elle a vainement effectué de nombreuses démarches depuis 2004 auprès de l'office des HLM (elle habite dans un F4 et elle a toujours payé son loyer) afin d’être relogée avec ses enfants dans un environnement où Aurélia ne serait plus en danger.
Alors qu’avant les viols Aurélia était une adolescente gaie, active, très sociable et bonne élève, elle vit depuis toutes ces années dans un état de terreur perpétuelle. Elle souffre d’impressionnants symptômes psychotraumatiques qui se sont manifestés par une souffrance psychique extrême, des flashbacks, des réminiscences continuelles et des cauchemars toutes les nuits, lui faisant revivre les viols, avec un état de terreur, d'insécurité, d'angoisse et de désespoir permanent, des phobies, des tentatives de suicide à répétition, des scarifications, une très mauvaise santé physique générale. Tous ces symptômes ont eu pour conséquences une hospitalisation de longue durée et une déscolarisation. Même si une récente prise en charge psychothérapique adaptée permet des améliorations, Aurélia continue de souffrir d’un état de stress post-traumatique : elle ne peut pas sortir seule, a peur en permanence, aussitôt qu’elle repense aux viols ou aux menaces, elle ressent une telle terreur qu'elle est paralysée et prise de vomissement et de vertiges…
Aurélia et sa famille se sentent totalement abandonnés et désespérés…
Une prise en charge judiciaire, sociale et médicale désastreuse
Le traitement judiciaire des plaintes d'Aurélia a été plus que critiquable, et en dépit de la condamnation des violeurs, les enquêtes de police ont été traumatisantes, elle ne s’est jamais sentie soutenue par l’institution judiciaire. Elle a notamment été menacée de viols et injuriée devant le juge d’instruction par les agresseurs sans que celui-ci réagisse, et elle a reçu une chaussure dans le visage en plein procès sans réaction de la part de l’institution judiciaire…
Jusqu’à une période récente sa prise en charge médico-psychologique a été gravement défaillante, en ce qu’elle s’est quasiment bornée à des traitements sédatifs prescrits par des psychiatres qui ne lui parlaient pas et n’analysaient pas avec elle ses symptômes psychotraumatiques. Elle a été hospitalisée contre son gré dans un service de psychiatrie après une tentative de suicide, isolée plusieurs mois, hyper-médicamentée, sans que les viols qu’elle avait subis ne soient abordés une seule fois. Elle a tenté de se pendre lors de cette hospitalisation.
Un risque accru par le départ imminent d’Aurélia du foyer ASE et par la libération prochaine des violeurs
Dans deux mois, Aurélia aura atteint l’âge au-delà duquel elle devra quitter le foyer de l’Aide Sociale à l’Enfance où elle est hébergée. Un risque extrêmement sérieux pèse donc sur son intégrité physique et sexuelle et sur sa vie du fait que les violeurs vont prochainement sortir de prison.
Elle doit donc être relogée immédiatement avec sa famille dans un lieu où elle soit en sécurité, qui soit garant de sa santé et de ses droits, en dehors du 93, en Ile-de-France.
Merci pour votre soutien et pour ce que vous ferez pour elle. Nous avons besoin de vos signatures pour exiger un re-logement.
Contact : Muriel Salmona, présidente de l'Association Mémoire Traumatique et Victimologie, drmsalmona@gmail.com
Si vous voulez en savoir plus sur les conséquences psychotraumatiques d'un viol :
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