2014 - Campagne Stop au déni
A l'occasion de cette campagne 2014, un site internet spécifique http://stopaudeni.com a été créé.
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Préambule
Les violences qu'elles soient physiques, psychologiques ou sexuelles sont une atteinte à la dignité et aux droits fondamentaux des personnes.
Elles ont de graves répercussions immédiates et à plus long terme sur la santé et sur le développement psychologique et social des personnes. L'OMS en 1996 a déclaré qu'elles constituaient l'un des principaux problèmes de santé publique dans le monde.
Les violences ayant le plus d'impact sur la santé physique et mentale à long terme sont aussi les violences les plus méconnues malgré leur grande fréquence, comme les maltraitances envers les enfants et les personnes vulnérables, les violences familiales et à l’intérieur du couple, les violences sexuelles. Ces violences qui bénéficient d'une véritable loi du silence sont commises sous couvert de soins, de protection, d'éducation, d'amour, de désir et de sexualité, essentiellement par des proches et des personnes connues dans plus de 80% des cas. La méconnaissance de leur réalité (manque d'études, de chiffres, de recherches), l'absence de prévention ciblée, l'absence d'information sur les risques de subir ces violences, l'absence d'accès à des soins donnés par des médecins formés sont à l'origine d'un abandon total de victimes dont la parole n'est jamais prise en compte.
Or les violences subies pendant l'enfance quand elles ne sont pas prises en charge sont un des déterminants majeurs de la santé et du bien-être d'une population : une étude américaine récente sur 17 000 personnes montre, 50 ans après des violences et des négligences subies pendant l'enfance, une augmentation considérable et proportionnelle (au nombre de violences et de négligences différentes subies, score allant de 0 à 8), de morts précoces, de pathologies organiques (infarctus du myocarde, hypertension, diabète, obésité, affections broncho-pulmonaires, maladies sexuellement transmissibles, fractures, hépatites), de pathologies psychiques (états de stress post traumatique, suicides, dépression, angoisses, attaques de panique, troubles de la personnalité, insomnie, troubles de la mémoire et de la concentration), de conduites addictives (tabac, alcool, drogues), de troubles de l'alimentation, de conduites sexuelles à risque, de violences à nouveau subies et de violences commises, de désinsertion sociale (Felitti VJ, ACE Study, The Relationship of adverse childhood experiences to adult health status, 2010).
Ces conséquences à long terme sont dues à des troubles psychotraumatiques chroniques qui s'installent quand les victimes de violences ne sont ni identifiées, ni prises en charge, ni protégées, ni soignées. Abandonnées seules avec une grande souffrance et un sentiment d'insécurité permanent elles devront survivre en mettant en place des stratégies d'auto-traitement. Ces stratégies de survie auront de lourdes conséquences sur leur santé, et de plus seront un facteur d'exclusion et de pauvreté, et un facteur de risque d'être à nouveau victime de violence ou de reproduire des violences.
L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), dans son texte de recommandations pour la prévention des violences domestiques et sexuelles, présenté le 21 septembre 2010 à la Conférence mondiale de la prévention des traumatismes et de la promotion de la sécurité, a souligné pour la première fois qu'un des principaux facteur de risque de subir et de commettre des violences domestiques et sexuelles est d'avoir subi des violences dans l'enfance (texte téléchargeable en cliquant ici. Les stratégies de survie et d'autotraitement des conséquences psychotraumatiques des violences sont donc au coeur de la reproduction des violences.
Or des traitements de ces troubles psychotraumatiques existent et sont efficaces, et les conséquences sur la santé pourraient être évitées en mettant en place une réelle protection et des soins spécialisés pour toutes les victimes. Toute victime de violence non prise en charge risque d'être à nouveau victime ou de devenir auteur de violences.
Les violences ne sont pas une fatalité, elles sont un privilège que certains s'octroient en toute injustice et impunité. Il faut lutter contre elles en protégeant toutes les victimes, en les soignant et en luttant contre toutes les inégalités et toutes les discriminations.
Les violences, en ce début du XXème siècle, sont un des derniers privilèges qui continuent de parasiter notre démocratie et de mettre à mal les valeurs fondamentales que sont la liberté, l'égalité et la fraternité. Exercer des violences c'est s'octroyer le "droit" au nom d'une prétendue supériorité de dominer, de soumettre, de détruire des personnes qui sont considérées comme ayant moins de valeur que soi. Il s'agit de les réduire en esclavage et/ou de les instrumentaliser comme un "médicament" ou une "drogue" pour s'anesthésier et s'éviter ainsi toute contrainte, angoisse, tension ou remise en question.
**Les violences les plus fréquentes et les moins dénoncées sont **:
- les violences envers les enfants : les études épidémiologiques manquent, quelques études internationales rapportent des violences physiques graves et fréquentes. La violence physique exercée contre les enfants est en général infligée pour punir et elle est acceptée par les parents, comme une norme sociale qui prévaut et est souvent même considérée de droit comme une forme correcte de discipline. Par ailleurs, selon des études effectuées dans le monde entier, environ 20 % des femmes, et 5 à 10 % des hommes déclarent avoir été victimes de violence sexuelle dans l’enfance. Beaucoup d’enfants souffrent de violence psychologique aussi bien que de négligence, dont on ignore l’ampleur du phénomène dans le monde. Lors de l'étude ACE Study portant sur 17000 personnes, on a retrouvé dans leur enfance des violences psychologiques chez 11% d’entre elles, des violences physiques chez 28 %, des violences sexuelles chez 21%.
- les violences sexistes ou sexuelles envers les femmes : les chiffres sont impressionnants, suivant les pays, 15 à 71 % des femmes ont été maltraitées, frappées, agressées sexuellement au cours de leur leur vie. Aucune femme, aucune fille dans le monde n'est à l'abri de subir des violences en raison de son sexe, et les violences sexuelles, suivant les études et les pays, toucheraient 20 à 30% des personnes au cours de leur vie et plus de la moitié avant 18 ans. Pour en savoir plus, on peut lire l'article de Muriel Salmona avec toutes les références, de septembre 2010 : Violences envers les femmes et les filles : un fléau mondial.
- les violences au travail, les violences dans le cadre des soins, et les violences sur des personnes en situations de vulnérabilité (handicaps, maladies, grand âge, grande pauvreté) et de discrimination (en fonction des origines, de l'orientation sexuelle, , des opinions politiques ou religieuses).
Ces violences sont rendues possible par de nombreux stéréotypes et de fausses représentations (la place de l'homme, de la femme et de l'enfant dans la société, l'équivalence entre éducation et dressage, amour et possession, sexualité et violence, la confusion entre désir et prédation, les prétendues pulsions sexuelles irrépressibles des hommes et disponibilité sexuelle des femmes, etc.), le déni et la loi du silence qui pèsent sur elles, la méconnaissance de leur fréquence et de la gravité de leur impact.
**Les violences sont toujours intentionnelles, souvent préméditées et elles sont une drogue au service de l'agresseur, elles n'ont rien à voir avec la victime **:
- Elles s'exercent de façon mystificatrice sous couvert d'amour, de désir, d'éducation, de soins, de sécurité, pour le "bien" de la victime. Il n'en est rien. La violence ne sert que l'agresseur. Rien de ce qu'est la victime nui de ce qu'elle fait ne ne justifie la violence, la victime n'est pas responsable de la violence exercée contre elle. L'agresseur impose à sa victime un scénario et un rôle qui ne la concernent en rien, par manipulation, emprise, domination ou terreur. Il s'agit pour l'agresseur d'utiliser une victime pour son seul et unique intérêt, pour son confort et pour s'éviter des angoisses (esclaves à disposition, fusibles pour s'anesthésier).
- Les violences sont à l'origine d'une atteinte grave de l'intégrité physique et psychique des victimes, avec des blessures physiques, mais aussi psychiques et neurologiques, liées au stress qui nécessitent des soins urgents et spécialisés.
Les violences génèrent un stress extrême (avec production d'adrénaline et de cortisol) que la terreur et la sidération psychique de la victime rendent incontrôlable, cela entraîne un risque vital cardio-vasculaire et neurologique, et déclenche alors un mécanisme de sauvegarde neuro-biologique qui - comme dans un circuit électrique qui est en survoltage - fait disjoncter le circuit émotionnel responsable du stress extrême. Cette disjonction crée une anesthésie émotionnelle brutale et un état de dissociation (état de conscience altérée avec des sensations de déconnection et de dépersonnalisation) qui protège le cœur et le cerveau. Cette anesthésie émotionnelle est produite par des drogues dures (morphine et kétamine-like sécrétées par le cerveau). Cette anesthésie émotionnelle qui est subie douloureusement par les victimes, est en revanche activement recherchée par les agresseurs et entraîne chez eux une véritable addiction.
Si tout traumatisme peut entraîner des troubles psychotraumatiques chroniques (avec un risque de 24%), les violences sont beaucoup plus à risque d'en développer, particulièrement quand il s'agit de violences intra-familiales (60%, Astin,1995) ou de violences sexuelles (jusqu'à 80%, Breslau, 1991). Ces troubles psychotraumatiques peuvent durer des années, des dizaines d'années voire toute une vie si aucun soin n'est donné.
Les mécanismes qui sont à l'origine de ces troubles psychotraumatiques sont connus depuis peu et détaillés dans la page MÉCANISMES. La disjonction de sauvegarde lors du stress extrême entraîne, en plus de l'anesthésie émotionnelle, la mise en place d'une mémoire traumatique (mémoire émotionnelle des violences) qui, en raison du court-circuit, ne pourra pas être intégrée au niveau du cortex. Cette mémoire traumatique non-consciente et non-contrôlable, comme une machine à remonter le temps infernale, fait revivre à la victime les violences à l'identique avec la même terreur, les mêmes douleurs, les mêmes sensations lors de réminiscences, de flash-back, de cauchemars. Elle se déclenche lors de liens qui rappellent les violences (contexte, émotions, sensations, douleurs). Elle va transformer la vie des victimes en un terrain miné et être à l'origine d'une souffrance psychique extrême et d'un sentiment d'insécurité permanent. Avec des soins précoces (dans les 12heures) elle peut être évitée. Si la victime est abandonnée sans protection, sans prise en charge ni soins appropriés, la mémoire traumatique s'installe durablement et s'accompagne d'une souffrance intolérable et d'idées suicidaires. Pour survivre, la victime doit mettre en place des stratégies de survie : des conduites d'évitement, de contrôles et d'hypervigilance pour éviter tout allumage de la mémoire traumatique ; des conduites dissociantes pour l'anesthésier si elle s'est allumée comme des mises en danger (qui en augmentant le stress provoqueront une disjonction et une anesthésie comme des auto-mutilations, des conduites à risques) ; et des conduites addictives telles que consommation de produit ayant un pouvoir anesthésiant et dissociant comme de l'alcool ou de la drogue : de 70 à 90% des alcooliques, des toxicomanes, des prostitué-e-s ont subi de graves maltraitances le plus souvent dans l'enfance, avec un très fort pourcentage de violences sexuelles.
Ces stratégies de survie lui permettront de se protéger un peu, mais elles seront très coûteuses, incompréhensibles et culpabilisantes, et elles auront un impact catastrophique sur leur santé et leur vie personnelle, sociale et professionnelle. Avec un risque de mort prématurée (accidents, suicides, morts par maladie), de maladie cardio-vasculaires, de conduites à risques, de conduites addictives, de troubles psychiatriques (dépressions, crises d'angoisse, phobies, insomnie, de troubles de l'alimentations, de la sexualité, troubles de la personnalité, troubles de la mémoire, de la concentration, d'absences, de sentiments de honte et de culpabilité, de dépersonnalisation, d'être différent), accompagnés d'une fatigue et de douleurs chroniques, d'échecs scolaires et professionnels, d'arrêts de travail de longue durée, d'invalidité, d'isolement, de marginalisation, d'exclusion, de grande pauvreté, mais aussi de délinquance et de reproduction des violences (pour s'anesthésier en instrumentalisant autrui).
La mémoire traumatique, la souffrance et le stress qu'elle déclenche et les stratégies pour l'éviter et l'anesthésier sont donc à l'origine de toutes les conséquences sur la santé et la vie des victimes. Or si les violences sont connues, il est possible d'éviter la mise en place d'une mémoire traumatique par une protection et une prise en charge précoce, ou de traiter efficacement cette mémoire traumatique par des soins spécialisés.
**Laisser des victimes non identifiées, sans protection, sans information et sans soin c'est donc **:
- les condamner à souffrir durant des années, voire toute leur vie, dans une solitude effroyable, dans un état d'insécurité permanente, d'incompréhension et de culpabilité, sans espoir de pouvoir se réaliser et d'être pleinement elles-même.
- prendre le risque qu'elles meurent précocément, de morts violentes par homicides, par suicides, par accidents ou par maladie.
- prendre le risque qu'elles développent des conduites addictives (tabac, alcool, drogues, jeux), des troubles alimentaires, une sexualité à risque, et se retrouvent piégées dans des situations prostitutionnelles.
- mettre en danger leur santé, augmenter leur risque de multiplier la consommation de soins inadaptés et inefficaces.
- prendre le risque de les mettre en échec au niveau scolaire et professionnel.
- aggraver les inégalités et renforcer les discriminations et les injustices.
- augmenter la précarité, les situations de marginalisation, le risque prostitutionnel et la pauvreté et mettre en danger la cohésion sociale.
- donner un signal fort aux agresseurs pour qu'ils se sentent autorisés à continuer les violences sur des victimes qu'ils peuvent estimer sans valeur puisque la société ne met pas tout en œuvre pour les protéger.
- mettre les victimes en danger de subir de nouvelles violences et alimenter une reproduction sans fin des violences, car certaines victimes choisiront de s'auto-traiter en adhérant à la loi du plus fort et en exerçant elles-mêmes des violences.
Pourtant, en 2011, malgré leur fréquence et leur gravité, ces violences font toujours l'objet d'une méconnaissance et d'une sous-estimation, au pire d'un déni ou d'une tolérance coupables (moins de 10% des viols et des violences conjugales font l'objet d'une plainte, OND 2009).
Elles font l'objet d'une véritable loi du silence. Cette loi du silence protège les agresseurs en leur assurant l'impunité, et elle protège également le mythe d’une société patriarcale idéale où les plus forts (les hommes et tout ceux qui détiennent une autorité) protégeraient ceux désignés comme étant les plus faibles ou les plus vulnérables (les femmes et les enfants).
Surtout, cette loi du silence abandonne les victimes à leur sort. Actuellement l'immense majorité des victimes restent seules car elles ne sont pas identifiées, restent sans soins car leurs troubles psychotraumatiques ne sont pas pris en charge spécifiquement (par méconnaissance de la part des médecins qui ne sont toujours pas formés durant leurs études médicales), et elles subissent souvent des soins inappropriés, voire violents.
Cependant, des soins spécialisés sont efficaces sur les troubles psychotraumatiques et particulièrement sur la mémoire traumatique. Lʼétude sur les conséquences psychotraumatiques des violences faites en 2008 sur le 92 a montré que plus de 80% des patients victimes de violences recevant des soins spécialisés ont constataient une amélioration de leur santé psychique importante, voire très importante, et 47 % une amélioration de leur santé physique, la prise en charge spécialisée est considérée comme utile, répondant aux attentes, permettant dʼaller mieux et de mieux se comprendre - cf l'étude de Muriel Salmona, 2008, ici.
La violence n'est pas une fatalité et les auteurs de violences doivent être traités de leur addiction à la violence.
Dr Muriel Salmona, Le 22 février 2011, Journée européenne des victimes
Manifeste
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C'est pourquoi en tant qu'associations, en tant que professionnel-le-s du soins et de la prise en charge des victimes, en tant que victimes et proches de victimes, en tant que citoyen-ne-s nous lançons, le 22 février 2011,
UN MANIFESTE ET UNE PÉTITION SUR LE THÈME "VIOLENCES ET SOINS"
pour que les victimes de violences soient enfin protégées, pour qu'elles reçoivent des soins appropriés et pour que leurs droits soient respectés :
Droit à être entendues, crues et reconnues
Droit à être secourues, protégées et informées
Droit à ce que justice leur soit rendu
Droit à être traitées avec dignité, bienveillance et attention, en respectant leurs demandes et avec leur consentement
Droit à recevoir des soins de qualité, gratuits par des professionnels compétents et formés, dans des lieux adaptés et accessibles à tous
Droits à ne pas subir de violence dans le cadre des soins et de la prise en charge
EN 2011 CES DROITS FONDAMENTAUX NE SONT TOUJOURS PAS RESPECTÉS, AUSSI NOUS ACCUSONS
Les Politiques, les Pouvoirs Publics, les professionnels censés prendre en charge ces victimes de violence et la société, dans leur ensemble
D'ABANDONNER LES VICTIMES,
de ne pas les voir, de les ignorer, de ne pas les entendre, d'être dans le déni de la réalité des violences et de leurs conséquences sur la santé, de ne pas les secourir, de ne pas les protéger, de ne pas leur rendre justice, de ne pas les soigner et souvent de les maltraiter lors de leur parcours de prise en charge et de soin.
Abandonner les victimes, être indifférent à leur sort, c'est leur donner peu de valeur
et c'est conforter les agresseurs dans un sentiment de supériorité qui leur permet de s'octroyer le privilège d'instrumentaliser des victimes pour les soumettre et s'en servir comme esclave à leur service ou comme fusible pour s'anesthésier.
DE NON ASSISTANCE À PERSONNE EN DANGER :
Les violences font courir des risques majeurs aux victimes et à leurs proches qui en sont témoins (surtout les enfants). Elles ont de graves répercussions immédiates et à plus long terme sur la santé et sur le développement psychologique et social des personnes. Elles constituent l'un des principaux problèmes de santé publique dans le monde et sont un déterminant majeur de la santé d'une population (cf le préambule):
risque d'homicides, de blessures graves, de contamination et de grossesses lors des violences.
risque important de morts précoces avec un risque accru d'accidents (liés aux troubles de l'attention et de la concentration, aux absences, aux mises en danger, multipliés par 10), et de suicides (risque multiplié par 10 à 20).
risque pour la santé mentale avec d'importants troubles psychotraumatiques : souffrance mentale, dépression, troubles anxieux, phobiques et obsessionnels, troubles du sommeil, troubles dissociatifs, troubles du comportement alimentaire et sexuel, troubles des conduites - mises en danger, auto-mutilations, jeux dangereux, sexualité à risque, conduites addictives - trouble de la personnalité, sentiment d'insécurité, de culpabilité, de honte et absence d'estime de soi).
risque pour la santé physique : maladies consécutives aux séquelles des violences, maladies liées au stress (cardio-vasculaires, endocriniens particulièrement diabète, digestifs, génito-urinaires, immunologiques, infectieux, pulmonaires, etc), maladies liées aux conduites à risque (contamination, grossesses précoces, grossesses à risques, conséquences sur la santé de la consommation de tabac, d'alcool, de drogue, de la sur-consommation de médicaments), maladie liées à la dissociation et à l'anesthésie émotionnelle (manque de prévention, négligences graves), avec une augmentation très importante de demande de soins, de consommation d'examens médicaux et d'interventions chirurgicales (liées à la mémoire traumatique, multipliées par 8)
risque d'échecs scolaires et professionnels, d'invalidité, d'isolement social, de marginalisation et d'exclusion, de grande pauvreté, de prostitution, d'alcoolisme et de toxicomanie, de subir de nouvelles violences, de commettre des violences, risque de délinquance.
D'INJUSTICES
Les victimes de violence subissent des injustices en cascade :
injustice d'être des victimes innocentes d'une violence aveugle, piégées dans une histoire qui ne les concerne pas.
injustice d'être victimes d'une société qui les expose doublement, d'une part en créant un contexte inégalitaire qui permet à des agresseurs d'utiliser leur position dominante pour les instrumentaliser, et d'autre part en ne mettant pas tous les moyens politiques en œuvre pour lutter contre les violences.
victimes de leur entourage qui ne veut ni voir, ni savoir, ni entendre, ni dénoncer ce qu'elles subissent dans l'intimité d'une famille, d'un couple, d'une relation ou dans l'espace clos d'un travail, d'une institution.
victimes de toute une mal-traitance commise par des professionnels censés les protéger, leur venir en aide, leur rendre justice et les soigner, qui souvent ne les croient pas, banalisent les violences et sous-estiment le danger qu'elles courent et les conséquences qu'elles subissent, par manque de formation surtout, mais aussi par négligence et manque d'empathie.
victimes de l'injustice désespérante de voir des agresseurs bénéficier dans l'immense majorité des cas d'une impunité totale, faute d'être dénoncés, d’être mis en examen, d’être déférés devant un tribunal ou d’être condamnés par une justice encore trop parasitée par de nombreuses idées reçues sur les victimes et les violences, et qui méconnaît de nombreux indices et de nombreuses preuves médicales, les agresseurs pouvant alors continuer à exercer des violences en toute tranquillité.
victimes de l'injustice d'être celles qui en fin de compte se retrouvent condamnées à souffrir, à se battre et à devoir se justifier sans cesse, à supporter mépris, critiques et jugements, à entendre des discours moralisateurs et culpabilisants pour des symptômes que personne ne pense à relier aux violences.
DE DISCRIMINATIONS
En ne luttant pas suffisamment contre toutes les inégalités et les discriminations qui rendent possibles de nombreuses violences : discriminations sexistes, racistes, xénophobes, ethniques, liées à l'âge, la grossesse, les handicaps, la maladie, la pauvreté, les convictions religieuses.
En ne protégeant et n'assurant pas des conditions de vie décente aux plus vulnérables et aux plus dépendants comme les enfants, les personnes âgées et les personnes handicapées et malades.
En tolérant des situations qui sont des atteintes graves à la dignité des personnes comme les situations d'esclavage, de grande pauvreté, les situations de grande marginalité et d'exclusion (SDF), les situations prostitutionnelles et la pornographie, les discriminations exercés sur les victimes en les soupçonnant a priori de mentir quand elles dénoncent les violences.
ET D'EXERCER DES VIOLENCES OU D'EN ÊTRE COMPLICE : VIOLENCES DE SOINS INAPPROPRIÉS
ET VIOLENCES SOUS COUVERT DE SOINS.
La majorité des victimes ne bénéficient pas des soins appropriés indispensables.
Les soins sont saturés de violence, au mieux il s'agit de la part des soignants de méconnaissance, de fausses représentations, au pire d'indifférence, de négligences, d'anesthésie émotionnelle, de discriminations, voire d'intention de nuire : de dominer, de manipuler ou de détruire. Et les soins sont singulièrement absents quand il s'agit de prendre en charge les victimes de violences.
Les soins donnés aux victimes sont souvent uniquement symptomatiques et tiennent rarement compte des violences, aucun lien n'est fait dans l'ensemble entre les symptômes et les violences subies antérieurement, ce qui rend les soins inefficaces dans la durée. L'expression de la mémoire traumatique peut-être trompeuse et conduire à des erreurs diagnostiques, par exemple dans le cas de réminiscences qui prennent la forme de douleurs (lors des coups et des sévices), d'étouffement (quand il y a eu strangulation par exemple), de nausées, de vomissements, d'absences, de vertiges, voire d'évanouissement (comme lors des violences), de sons ou de phrases, de cris ou d'images ou de sensations tactiles qui peuvent prendre la forme d'hallucinations. Des examens et des interventions chirurgicales inutiles peuvent être pratiqués, des diagnostics erronés préjudiciables pour les victimes peuvent être faits, comme celui de psychose entraînant de longues hospitalisations en service fermé et des traitements lourds et invalidants.
Souvent les traitements psychiatriques proposés ne sont qu'anesthésiants émotionnellement et dissociants, comme les traitement très sédatifs, les électro-chocs, l'isolement la contention, les amphétamines pour les enfants hyper-actifs (la psychiatrie dans la première moitié du siècle avait utilisé la "faradisation", les comas insuliniques, et en France, jusque dans les années 50, la lobotomie, cette dernière est encore pratiquée dans certain pays).
Les violences exercées sur des personnes en crise (qui revivent les traumatismes lors de l'allumage de leur mémoire traumatique) sont malheureusement "efficaces" à très court terme car elles vont entraîner une disjonction et une anesthésie émotionnelle qui vont calmer la personne, mais elles sont catastrophiques car elles traumatisent à nouveau la victime et rechargent sa mémoire traumatique. Ils peut s'agir de violences verbales (injures, propos dégradants), psychologiques (chantages, menaces), physiques (contention, isolement, privations, douches froides).
Les soins s'exercent par définition sur des personnes en situation de vulnérabilité, que cette situation de vulnérabilité soit ponctuelle, liée à une maladie passagère, un traumatisme ou une grossesse, ou qu'elle soit durable, liée à des maladies chroniques, à des handicaps physiques et mentaux ou à des états de grande dépendance tels que la petite enfance et le grand âge. Cette vulnérabilité expose les patients à des violences encore plus fréquentes que dans le reste de la population, de la part de soignants, de proches ou d'autres malades.
Les violences sexuelles commises par des soignants, particulièrement par les médecins, sont bien plus fréquentes que l'on pense, elles font l'objet d'un déni et d'une loi du silence. La position d'autorité d'un médecin, l'abus d'une confiance implicite qu'il détourne pour son propre compte, la mise en scène d'une dette que lui devrait la patiente pour les soins prodigués, permettent à un médecin d'imposer des actes violents, d'escroquer émotionnellement et de manipuler facilement une patiente ou un patient pour qui dire non ou se défendre sera impossible, à l'instar d'un inceste parent-enfant. En France, aucune étude n'a été faite sur ces violences qui auront de graves conséquences sur les victimes, et nous ne disposons d'aucun chiffre. D'après des études américaines environ 10% des médecins, psychiatres et psychologues avaient eu des contacts sexuels avec leurs clients, et au moins 89% des contacts sexuels dans le cadre de relations professionnelles du domaine de la santé avaient eu lieu entre un homme professionnel et une femme cliente.
On sait qu'une personne handicapée court trois fois plus de risques qu'une personne valide de subir des violences. Les chiffres canadiens (nous n'avons pas de chiffres en France) montrent que 40% des femmes présentant un handicap physique subissent au moins une agression sexuelle au cours de leur vie, et que 39 à 68% des femmes présentant une déficience mentale subissent au moins une agression sexuelle avant 18 ans. Ces violences sont alors un facteur d'aggravation du handicap et d'exclusion.
NOUS DEMANDONS
Pourquoi n'y a-t-il pas de politique de santé qui prenne en compte l'impact de la violence sur la santé des personnes ? Alors qu'il est avéré qu'il s'agit d'un facteur de risque majeur !!!
Pourquoi n'y a-t-il pas de formation des médecins, des psychiatres et des psychologues cliniciens à la psychotraumatologie pendant leurs études et dans le cadre d'une formation continue ?
Pourquoi n'y a-t-il pas de centre de soins spécifiques accessibles à tous et sur tout le territoire et dans chaque département ?
Pourquoi n'y a-t-il pas de campagnes qui diffusent des informations sur l'impact sur la santé des violences ?
NOUS VOULONS
Une vraie politique de santé publique concernant les violences,
Une véritable protection pour toutes les victimes de violences,
Des soins de qualité et de proximité, précoces, spécialisés et gratuits pour toutes les victimes de violence,
Une formation des professionnels de la santé à la prévention, au dépistage et aux soins des victimes de violences,
Des centres de santé pour les victimes dans chaque département,
Des campagnes d'information et de prévention grand public,
La mise en place d'enquête et de recherches sur le sujet,
La création d'un observatoire national sur l'impact des violences et la prise en charge des victimes,
Personne ne doit plus se sentir coupable, ni honteux d'être victime de violences. Ce sentiment est créé de toute pièce, il s'agit d'une imposture, d'une manipulation pour mettre en place une inversion de responsabilité et un déni de justice. Cette imposture est véhiculée par une société inégalitaire qui diffuse le discours des dominants : à savoir qu'une victime se situe du côté des inférieurs, qu'elle ne vaut pas grand chose, qu'elle est nulle, faible, incapable. Et que tant pis pour elle, elle n'avait qu'à pas se laisser faire ou se laisser avoir… qu'elle y est certainement pour quelque chose !… qu'elle n'a pas fait ce qu'il fallait, ou bien qu'elle est méchante, menteuse, ou encore qu'elle n'a rien compris, que ce n'est pas si grave… Et cette imposture est confortée par le fait que les victimes sont abandonnées et jamais entendues, elles ne méritent donc pas d'être protégées et soignées, leurs paroles n'ont pas de valeur et justice n'a pas à leur être rendue.