L'enjeu de la protection des enfants
Protéger les enfants. Changer le monde.
par Sokhna Fall
L’adoption d’une loi à l’Assemblée Nationale suffira-t-elle pour changer le regard sur les enfants victimes de violences sexuelles ? L’enjeu de la protection des enfants est bien plus important qu’il n’y parait.
Grâce au courage de plusieurs personnes, Camille Kouchner, Vanessa Springora pour les récits les plus récents et les plus médiatisés, Adélaïde Bon, Andréa Bescond, Eva Thomas, mais aussi Chérif Delay, Christophe Tison, D’ de Kabal ou Bernhard Schlink et bien d’autres encore auparavant, les violences sexuelles contre les enfants ont surgi comme un scandale méconnu. Ce qui apparaît comme méconnu est surtout le scandale. La violence contre les enfants, y compris sexuelle, est connue depuis bien longtemps. Elle dérange — le fait-elle vraiment ? — soudainement l’ordre du monde. L’inceste et la pédocriminalité deviennent le sujet dont tous se sont préoccupés : médecins, psychologues, psychiatres, politiques, magistrats viennent témoigner de leur ancienne connaissance et de leur éternel engagement sur le sujet. Une loi rappelant, à minima, la différence entre un adulte et un enfant face à la sexualité est en cours d’adoption. On a oublié les moues devant le « militantisme » des unes ou l’engagement clinique non validé par la Faculté des autres (il vrai que jusqu’il y a peu, très peu, celle-ci ne connaissait que le pauvre Œdipe berné par les oracles et ignorait le viol et l’inceste commis par son père et sa mère). Comme si personne n’avait jamais douté de la parole d’une ou d’un enfant, comme si personne n’avait jamais banalisé les conséquences de ces faits, comme si personne n’avait jamais adhéré au retournement de l’inceste par l’œdipe, comme si personne n’avait jamais admis qu’être adulte donne des droits sur le corps des enfants que ceux-ci n’ont pas ; d’aucuns s’étonnent seulement du « nombre de cas ». Comment protéger les enfants ? Comment leur apprendre à dire « non » ? Ces questions se pressent dans les magazines. Ma préoccupation est : comment réveiller les adultes et, surtout, les garder en éveil ? Qu’est-ce qui empêche les adultes de protéger les enfants ? Qu’est-ce qui les empêche de croire qu’un adulte a bien plus d’un tour dans son sac qu’un enfant de mensonges dans la bouche ? Si ces maux sont si présents et si connus de tous, la systémicienne que je suis en conclut que leur fonction dans la société n’est pas remise en question.
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